Prendre soin đ dâune personne en perte dâautonomie đ” (atteinte dâune maladie neurodĂ©gĂ©nĂ©rative ou de troubles moteurs sĂ©vĂšres) peut devenir un 2e travail đȘaprĂšs une premiĂšre journĂ©e de travail. Parfois, il sâagit mĂȘme dâun rĂŽle tenu 24h/24, quand la personne accompagnĂ©e a besoin dâun aidant vigilant en permanence.
Alors lâaidant peut se sentir coupable dâĂȘtre fatiguĂ© et dĂ©primĂ©. Pourtant, il nây a vraiment pas lieu de l’ĂȘtre. Il est normal que l’aidant ressente parfois le besoin de se reposer đ€. Et que parfois, la situation devient tellement pesante qu’il espĂšre juste que tout sâarrĂȘte.
Beaucoup se sentent coupables parce quâils ont des attentes dĂ©mesurĂ©es envers eux-mĂȘmes et une mauvaise vision de ce quâest un « bon aidant ».
Avant dâĂȘtre aidant, il est facile de se dire que si la situation se prĂ©sentait, on ferait les choses de telle ou telle façon. Souvent, il ne sâagit que dâun fantasme. La vie dâaidant nâest pas du tout celle quâon se lâimagine. NĂ©anmoins, lâaidant familial a une certaine pression sur les Ă©paules Ă cause de lâimage quâil a de ce quâest un « bon aidant ».
L’autre difficultĂ©, c’est la façon dont les proches aidants se dĂ©finissent eux-mĂȘmes ce qui rend le tableau đ©âđ« encore plus complexe đ.
Un grand nombre dâentre eux ne se considĂšrent pas comme des proches aidants pour plusieurs raisons. Tout dâabord, plusieurs considĂšrent quâils nâont pas le choix de remplir le rĂŽle de proche aidant et le voient plutĂŽt comme une attente familiale ou culturelle, ou une progression naturelle de leur rĂŽle dâenfant adulte, de partenaire ou de parent.
De mĂȘme, le passage au rĂŽle de proche aidant peut ĂȘtre long â et graduel pour certains, sans point de dĂ©part clair. Il peut Ă©galement y avoir une certaine charge Ă©motive qui indique que les choses sont en train de changer.
Cette charge mentale accentue les risques dâĂȘtre maltraitant. Alors, l’aidant ne doit pas hĂ©siter Ă faire ce quâil faut pour dĂ©compresser. Cela signifie qu’il peut s’accorder de partir en week-end, de dormir plus longtemps, de dĂ©lĂ©guer des tĂąches qui le contrarient…
Il est, en effet, trĂšs difficile de prendre soin dâune personne en perte dâautonomie. Les aidants font de leurs mieux, cette situation leur est tombĂ©e dessus sans prĂ©paration, ni formation. Câest toute une organisation Ă revoir, des gestes Ă apprendre et des Ă©motions Ă gĂ©rer. En effet, voir un proche en situation de faiblesse est triste et perturbant. Cela renvoie Ă©galement Ă notre propre faiblesse et notre propre mortalitĂ©.
Malheureusement, la culpabilitĂ© est naturelle et il nâest peut-ĂȘtre pas possible de lâarrĂȘter complĂštement â nĂ©anmoins, il ne faut pas se laisser dĂ©vorer par elle.