Nées du Plan Alzheimer 2008-2012, les plateformes de répit sont aujourd’hui 170 en France. Ces lieux au service des aidants de personnes atteintes de maladies neuroévolutives ont vu leur vocation transformée par la crise du covid-19. Les explications de Nathalie Quaeybeur, directrice de La maison des aidants de Lille et Olivier Lefebvre, directeur de la plateforme Le nid des aidants 91 à Yerres (Essonne).
La maison des aidants de Lille gère deux plateformes de répit, l’une à Lille et l’autre à Roubaix. Au total, 1000 aidants y sont suivis, des aidants qui ne sont pas « naturels » mais des « proches désignés dans un rôle imposé, pour lequel les personnes ne sont souvent pas préparés », souligne Nathalie Quaeybeur.
La maison des aidants leur propose de nombreux services, autour de l’information (sous forme de conférences, de formations…), de soutien (rencontres, écoute…), de répit et d’activités partagées avec la personne aidée.
« Les aidants arrivent souvent trop tard dans les plateformes de répit, après plusieurs années d’aide, au bout de leurs limites », constate la directrice.
Et la crise sanitaire liée à la pandémie de covid-19 n’a pas arrangé les choses.
« Le confinement, le manque de choix dû à la crise a renforcé le sentiment d’abandon, de solitude et majoré la détresse psychologique des aidants ».
Un constat partagé par Olivier Lefebvre, qui fait part d’une « forte augmentation du besoin d’accompagnement psychologique ». Face à une crise qui dure, Le nid des aidants a d’ailleurs pour projet de recruter un psychologue supplémentaire.
« Le confinement induit par la crise sanitaire a entraîné un durcissement de la condition des aidants, qui se sont retrouvés en première ligne pour accompagner leurs proches. Face à l’annulation massive des intervenants habituels (service à domicile…), les aidants ont dû redoubler d’effort pour prendre en charge des personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie dans les actes de la vie quotidienne », poursuit-il.
« Avec moins d’interventions des professionnels de santé, des aides à domicile et la fermeture des accueils de jour, ils ont dû faire eux-mêmes », résume Nathalie Quaeybeur.
Un « accueil de jour dématérialisé » pour soulager les aidants
Sans compter la peur de tomber malade eux-mêmes, observée dans le Nord comme en Essonne, qui a accru le stress inhérent à la situation ; et une aggravation de l’état général de l’aidé du fait du confinement.
Pour les soulager un peu, Le nid des aidants a lancé durant le premier confinement un « accueil de jour dématérialisé ».
Sur le modèle d’une journée « classique » en accueil de jour, la plateforme proposait un programme d’activités sous forme de vidéos réalisées, diffusé sur son site internet. Parmi les activités proposées, méditation, motricité, gym douce…
« Des vidéos spécifiques ont également été proposées aux aidants pour favoriser leur interaction avec leurs proches » ajoute Olivier Lefebvre, avant de conclure : « ce contexte épidémique a donc mis en lumière, l’isolement des aidants et la nécessité de les accompagner vers des solutions de répit ».